Le Damas de Cobalt

Après des mois de recherche et des années de pratique en fabrication d’aciers Damassés, j’ai développé au sein de l’atelier une méthode pour fabriquer des lames qui ne contiennent pas d’acier : elles sont intégralement composées de Damas de Cobalt et de Superalliage de Cobalt.

Le Cobalt est l’élément du tableau périodique situé juste à coté du Fer : c’est un métal blanc, dur, résistant à la corrosion, et dont les atomes sont rangés en hexagone au lieu de former le quadrillage habituel des atomes de Fer. La résistance à la corrosion du Cobalt en a fait un candidat de choix pour l’élaboration d’alliages utilisés en environnements extrêmes, appelés “superalliages”. Ces superalliages offrent des performances très intéressantes pour la confection de lames par leur résistance à l’usure très élevée, ce qui leur donne des tranchants qui tiennent la coupe longtemps.

Ce métal a malheureusement la contrepartie d’être rare, excessivement cher et difficile à travailler.

Fasciné par les couleurs que peut développer le Cobalt lorsque soumis à de haute températures, j’ai expérimenté jusqu’à pouvoir en faire un Damas (donc un assemblage de métaux feuilletés, soudés et corroyés ensemble) qui allierait les magnifiques teintes du Cobalt oxydé aux hautes performances du Superalliage (présent sur la lame en trait blanc).

En suivant cette méthode, la lame bénéficie d’un corps “tendre” qui l’empêche de casser. Le Superalliage, recouvrant le tranchant sur toute sa longueur, permet à la lame de couper longtemps grâce à ses plus de 2% de carbone, qui viennent former de minuscules grains de carbure tout le long du fil (qui s’apparente à une scie microscopique).

Le Superalliage est dur mais cassant : sa combinaison avec le Damas de Cobalt est donc essentielle pour réduire sa fragilité.

La combinaison des méthodes de forge anciennes avec le meilleur de la métallurgie moderne m’a permis de développer des lames esthétiques, performantes et plus résistantes à la corrosion que les lames en Damas d’acier carbone classiques.

Notes concernant l’utilisation des lames en Damas de Cobalt :

Bien que ces lames soient très résistantes à la corrosion, elles ne sont pas totalement Inoxydables. En effet, l’eau a peu d’impact sur le Cobalt, nécessitant plusieurs jours d’exposition à la pluie et à l’humidité avant de développer un début de patine, qui se présente sous la forme d’une teinte verte/turquoise. Il suffit alors de laver la lame avec du savon et une éponge pour retrouver le bleu et le brillant du Cobalt ! Ainsi, ce genre de lame peut s’utiliser en extérieur même par temps de pluie sans risque, son entretient ne se résume qu’à essuyer la lame mouillée lorsque vous rentrez chez vous, même après plusieurs heures.

Le Cobalt en lui même ne craint pas les acides (acide chlorydrique, perchlorure etc), qui auront plutôt l’effet de le nettoyer et de lui rendre son brillant au lieu de le ternir ou de le rouiller. Cependant la patine bleutée que je donne à mes lames peut être délavée par l’acidité, laissant le métal blanc en dessous. Cela comprend donc les aliment acides (fruits, sauces, viandes etc). La lame peut être re-bleuie en la faisant chauffer, cependant afin de préserver ces belles couleurs, il est possible de nettoyer la lame sans laisser d’aliments reposer dessus trop longtemps, ou bien il existe également des traitements qui protègeront cette patine durablement :

Ces traitements sont par exemple la cire de Carnauba, naturelle et non-toxique, qui s’applique pour former un cirage très dur. Ce cirage peut cependant s’user avec le temps, mais peut être renouvelé facilement et en peu de temps. Une autre alternative est par exemple les applicateurs nano-céramiques, qui forment une couche minuscule et invisible sur la lame. Ce genre de traitement est beaucoup plus durable, pouvant durer plusieurs années, en plus d’améliorer le pouvoir de coupe de la lame. Les traitements de qualité sont également non-toxiques, formant une pellicule de quartz.

Considérez également que le Superalliage de Cobalt qui forme le tranchant est dur mais relativement cassant. Son assemblage sur le Damas le renforce mais ne le rend pas indestructible. Je recommande donc à l’utilisateur de ne pas frapper le tranchant sur des surfaces dures (métal, pierre, béton) pour ne pas ébrécher le tranchant ou la pointe, et d’éviter de faire levier avec. Ce genre de lame excelle dans la coupe d’objets tendres (nourriture, corde, emballages, cuir et bois, selon finesse du tranchant).